Chaque jour, on fait face à des demandes explicites ou implicites, que ce soit de la part d’amis, de notre mère, de notre frère, de nos enfants, de nos collègues, de notre chef. Et on pense à dire « non »…
Ce sont des demandes de temps, de présence, d’énergie, de ressources…
« Est-ce que tu peux faire ça ? », « est-ce que tu peux venir à tel endroit ? » « Est-ce que tu peux me rendre tel service ? », « est-ce que tu peux me prêter ça ? », « est-ce que tu peux être dispo pour telle chose ? », « est-ce que tu peux recevoir chez toi telle personne ? »,…
Alors quand on est face à cette demande et qu’on est OK pour utiliser notre temps ou nos ressources de cette façon-là, aucun problème, bien-sûr.
« Evidemment que je veux contribuer à tel projet, c’est trop intéressant »
« Bien-sûr que je veux rencontrer ta mère, elle a l’air passionnante »
« Oui mamie, je veux bien une 2ème assiette de bœuf bourguignon ! ».
Là où le problème se pose, c’est quand on n’est pas d’accord.
Quand on n’a pas envie d’utiliser notre temps et/ou nos ressources pour ça. On peut ne pas avoir envie de les utiliser du tout, en souhaitant par exemple garder notre temps ou notre argent sans les utiliser à ce moment-là (rester tranquille à la maison, même si on n’a rien de spécial de prévu, plutôt que d’aller boire un verre avec cette personne, rentrer chez soi se reposer plutôt que de faire des heures supp).
Ou bien ce temps et ses ressources cette énergie cet argent, on choisit de les utiliser d’une autre façon, comme garder un peu de place dans l’estomac pour le dessert plutôt qu’une 2ème assiette de bœuf bourguignon. Mais aussi ne pas aller à cette réunion pour faire des comptes-rendus en retard, ne pas reprendre un verre pour garder l’argent pour les impôts.
Alors on a envie de dire non.

Si vous pensez, là maintenant, à quelque-chose que vous devez faire parce que quelqu’un d’autre le souhaite, mais que vous refusez intérieurement. Que ressentez-vous lorsque vous imaginez céder aux exigences de l’autres. Comment réagit votre corps ?
Et que ressentez-vous lorsque vous dites non et que vous refusez la demande ou l’exigence de l’autre ? et là, que se passe-t-il dans votre corps ?
Bon, dire non physiquement c’est facile ! on ouvre la bouche et on prononce la syllabe.
En revanche ce qui rend les choses plus difficiles ce sont les pensées qu’on a au sujet de ce non qu’on a envie de dire.
Ce sont des pensées de crainte sur ce que l’autre personne va penser de nous si on dit non. On va imaginer que l’autre personne va avoir un jugement négatif sur nous parce qu’on a dit non. Et que ce jugement aura des conséquences qui ne nous plaisent pas. Ces pensées créent alors une difficulté car on ressent des émotions qui nous sont pénibles. Vous vous souvenez, on a déjà vu ça dans un précédent article.
Ces pensées se seront par exemple :
- La peur d’être rejeté(e) et mis(e) à l’écart, moins aimé(e) ou apprécié(e)
- On va se considérer comme égoïste, pas sympa, pas serviable si on dit non
- Dire non (et donc exprimer un besoin) peut ne pas correspondre à l’image qu’on a de nous même
- On a peur que les autres pensent du mal de nous
- On ne veut pas ternir notre réputation exemplaire
- On veut agir gentiment
- On peut trouver impoli ou indécent de refuser
- On ne veut pas jouer les trouble-fêtes alors que tous les autres jouent le jeu
- On peut craindre que l’autre nous dise non à son tour la prochaine fois (mais le « oui » est-il une assurance du contraire ?)
- On a peur d’être sanctionné(e)
- Dire non pourrait avoir des conséquences négatives sur la garantie de notre emploi, sur notre relation, sur notre sentiment de sécurité, …
- « C’est ridicule de ne faire remarquer ! »
- On pense ne pas mériter autant de considération de la part des autres
- Une voix intérieure (confuse) considère cela comme absolument nécessaire
- On ne veut rien imposer à l’autre
- On ne veut pas sortir de notre rôle ou dévier de la norme
- On pense qu’on ne sera pas capables de supporter l’opposition
- On veut donner et recevoir de façon équilibrée
- Les autres vont eux aussi faire quelque-chose pour nous si on fait quelque-chose pour eux
Et donc, « il /elle va me juger négativement si je dis non, moins m’aimer, moins m’apprécier, peut-être même ne plus m’apprécier du tout !». Et alors on ressent des émotions qui nous déplaisent : des émotions de crainte, de peur, d’angoisse, d’anxiété.
Et donc en fait, quand on dit « on a du mal à dire non » en fait c’est qu’on a du mal à accueillir les pensées et les émotions qui arrivent et qu’on crée au moment où on pense dire non.
Ce qui nous empêche de dire non :
Bon nombre de ces phrases vous semblent peut-être familières. Derrière la plupart d’entre elles, il se cache en fait la peur ancestrale de perdre son rang social. Et l’explication, c’est que notre cerveau est programmé vers l’acceptation par le groupe et les autres. On est un être humain qui a évolué dans la sécurité du groupe. C’est important pour nous d’être accepté(e) et pas rejeté(e) par le groupe. En faisant preuve « d’insubordination » on craint de perdre son appartenance au groupe. Autrement dit, d’être exclu(e) de la grotte des hommes préhistoriques et d’être mangé(e) par le tigre à dents de sabre.
De ce fait, la quête d’approbation par les autres ce n’est pas une faiblesse de notre part, ou le signe qu’on est dépendant(e). Ça veut dire qu’on est fortement motivé(e) à se sentir aimé(e), apprécié(e), accepté(e) par les autres pour rester en sécurité et ne pas être banni(e) de la grotte.
Mais aujourd’hui, quand on n’a plus de risque d’être attaqué(e) par le tigre aux dents de sabre, on peut se dire que cette façon de penser n’est pas toujours adaptée à la façon dont on veut conduire notre vie. Que ça peut nous conduire dans une impasse en nous créant des émotions négatives.
En effet, quand on se sent contraint(e), cela nous provoque du ressentiment, de la colère, de la frustration, …
Une question de finitude
On le dit aux enfants, « dans la vie, on ne peut pas tout avoir ». Car au final, même si on a envie de répondre oui à toutes les demandes, car on a envie d’être serviable, gentil(le), disponible, parce qu’on aime les gens et qu’on a envie d’aller dans leur sens… Et bien on ne peut pas tout faire.
Mathématiquement, on a en effet des ressources en temps, en énergie, en argent, … qui sont finies. Si on utilise notre temps, notre énergie, notre argent pour quelque-chose, on ne l’a plus pour autre chose. Et donc il s’agit de les utiliser de façon intentionnelle. Comme on ne peut pas tout faire, on ne va pas pouvoir répondre oui à tout. Donc à chaque fois qu’une demande nous est faite, il est important et nécessaire de se poser la question de « si je dis oui à cette demande, à quoi/ à qui est-ce que je dis non ? » et « quand cède, lesquels de mes besoins je néglige ? ».
Identifier les véritables raisons d’un oui ou d’un non.
Il est alors pertinent de se poser la question de « est-ce que je dis oui parce que j’ai envie de dire oui ou bien est-ce que je dis oui parce que j’ai peur de dire non ». On va identifier une différence de ressenti quand c’est l’envie qui nous motive, ou bien quand c’est la peur.
On peut se demander « si je dis oui, est-ce que j’aime mes raisons de dire oui ? est-ce que je dis oui pour des bonnes raisons pour moi ? est-ce que ça va dans le sens de la personne que j’ai envie d’être ? » Ou bien est-ce que parce que j’ai peur que mon ami(e) me trouve désagréable ou pas sympa.

On peut également s’interroger : « si je choisis de dire non, est-ce que j’aime mes raisons de dire non ? est-ce parce que j’ai de bonnes raisons pour moi ? est-ce parce que j’ai un meilleur usage de mon temps, de mon énergie, de mon argent, de mes ressources ? ou bien j’ai dit non parce que j’ai peur ? parce que j’ai envie de punir cette personne qui n’a pas été disponible pour moi ? »
L’idée, c’est d’être toujours conscient des choix et des arbitrages qu’on fait !
Une question de choix
Je vous invite aussi à garder en tête que si on dit oui il y a quelque chose ou à quelqu’un, cela implique qu’on va dire non à quelqu’un d’autre. Et peut-être que ce quelqu’un d’autre c’est soi-même.
Cela veut donc dire qu’il va falloir accepter que les choix qu’on fait iront parfois à l’encontre du souhait de l’autre personne. Et il est possible que l’autre personne soit déçue, contrariée, frustrée ou en colère.
On ne prend pas la responsabilité des émotions des autres !
Mais comme on a bien en tête que ce sont les pensées que chacun(e) a à propos d’une situation (neutre) qui provoquent les émotions (et si on ne s’en souvient pas, piqure de rappel ici), on réalise alors que les émotions désagréables que l’autre ressent à propos de notre « non », ce n’est pas nous qui les avons créées ! Moi j’ai juste dit « non » (situation neutre). Et lui (ou elle) se crée (potentiellement) des pensées de l’ordre de « elle n’est pas sympa », « il devrait faire cela », « elle me doit bien ça » … Sa déception, sa frustration, sa colère, sa contrariété sont alors de sa responsabilité à lui (ou elle).
Je me permets aussi de vous rappeler que quand quelqu’un nous fait une demande, il existe la possibilité de dire « oui » et celle de dire « non ». Cette personne est consciente de ces 2 options, sinon c’est un ordre, une exigence.
Mais on prend la responsabilité de nos émotions à nous !
Alors l’alternative potentielle, si on ne veut pas que l’autre soit déçu(e), contrarié(e) ou en colère et qu’on veut prendre cette responsabilité, c’est alors d’aller à l’encontre de notre propre souhait et de nos propres besoins. Et donc c’est nous qui allons ressentir contrariété, déception et colère.
C’est ça qu’on veut ? C’est comme ça que vous voulez piloter votre vie ? Est-ce le bon chemin pour arriver à votre vie choisie ?
Mais au final, est-on vraiment sûr(e)s de ce à quoi on dit non ?
« Je viendrais bien passer le week-end chez toi avec mon mari et mes enfants, c’est ok pour toi ? » vous demande cette amie. Et pour vous, cela signifie faire le manage avant, avoir des couchages partout dans le salon, devoir penser les repas, faire les courses, cuisiner, être aux aguets du bien-être de chacun. Et au final, renoncer au repos prévu, à regarder la fin de la série que vous attendez avec impatience… Vous avez envie de dire non ! Mais vous aimez votre amie. Elle vous manque. Et vous n’avez pas envie qu’elle se dise que vous n’êtes pas un(e) bon(ne) ami(e).
En savoir plus sur ce que sous-entend cette demande va vous être utile. De quoi votre interlocuteur a-t-il besoin ? Ce n’est qu’en comprenant les intérêts qui sous-tendent sa demande ou son exigence que vous pourrez lui expliquer concrètement pourquoi vous dites « non ». Dans cet exemple, peut-être que votre amie a envie de vous voir mais sera tout à fait ok pour prendre un AirBnB pour vous soulager. Son besoin, c’est de passer un temps agréable avec vous, pas forcément que vous l’hébergiez.
Si vous expliquez clairement les besoins qui vous motivent à dire non, vous pourrez être surpris(e) de voir à quel point votre interlocuteur peut faire preuve de compréhension.
S’entrainer pour dire non
Pour arriver à votre vie choisie, pour vous affirmer, prendre votre place, gagner en fierté de vous, je vous invite donc à vous exercer à dire non.
Selon votre situation de départ, ça peut prendre du temps. Mais à terme, vous allez réussir à dire un grand « oui » quand on a envie de dire « oui ». Et réussir à dire « non » avec simplicité quand vous aurez envie de dire « non ».
Pour cela, on va donc essayer petit à petit de mettre de l’ordre de nos façons de dire « oui » ou de dire « non ». On va identifier les raisons pour lesquelles on dit oui et celles pour lesquelles ont dit (souhaite dire) non.
La première étape, c’est simplement de remarquer les moments où on dit « oui » alors qu’on a envie de dire « non », d’en prendre conscience « tiens, je remarque que je suis en train de dire oui alors que j’aurais plutôt pensé non ». Et on essaiera d’identifier à ce moment-là, la peur sous-jacente. Le pire à craindre à la suite de ce « non » possible.
Et puis, petit à petit, je vous propose de vous exercer à dire non dans des situations où il n’y a pas vraiment d’enjeu. Ça vous permettra d’intégrer le fait qu’il n’est pas possible de dire oui à tout le monde, tout le temps. Et de commencer à accepter le jugement des autres, le fait que ça peut déplaire, mais qu’on peut avancer en dépit de ça.
Solution intermédiaire : le compromis, la contreproposition
C’est la solution quand on n’est pas encore prêt(e) à un vrai non. Mais elle doit se faire en conscience, en identifiant bien ce dont on a vraiment envie, nos peurs, nos craintes et les ressources qu’on va mettre dans ce compromis qu’on ne mettra pas ailleurs.
En effet, il y a de (nombreux) moments où on va penser faire face à une dichotomie. C’est oui ou c’est non, pas d’autres options. Et si je ne dis pas oui je dois dire non.
En fait, souvent, il existe un espace de négociation, qui peut-être un premier pas. « Je refuse ta demande mais je te fais une contre-proposition » → « je ne peux pas venir t’aider à déménager ce weekend, mais je te propose de t’aider à faire tes cartons la semaine d’avant ».
Dans un prochain article, je vous propose d’aborder la question de « recevoir un non ».
Et si vraiment aujourd’hui, dire non est vraiment trop dur pour vous, que vous avez l’impression de vous faire marcher sur les pieds, de ne pas être entendu(e) :
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